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A propos de la FIED > Histoire de la FIED

La FIED, trente années au service de ses membres

Chantal Acheré, Secrétaire générale adjointe

 

En 1987, l’arrivée de l’association européenne des universités à distance (European Association Distance Teaching Universities – EADTU) va bouleverser le paysage de l’enseignement à distance français. En s’adressant aux universités à distance de tous les pays européens, cette dernière voulait répondre aux besoins de formation d’un public diversifié, tout en accroissant le rayonnement scientifique et culturel européen.

En France, la situation fut complexe en raison de l’absence d’université à distance, au profit de petites structures implantées dans les universités. Dès les années 1960, en effet, le  ministère[1] avait d’abord proposé aux universités qui « voulaient bien faire de l’enseignement par correspondance » des créneaux pour quelques cours à la radio. Ils furent complétés par la suite, d’année en année, de cours écrits, de devoirs, de travaux dirigés, de corrigés type, parfois de séminaires de regroupement, etc … Jusqu’à l’arrivée de l’informatique, quelques années plus tard qui, avec la scénarisation des cours, ouvrit davantage l’offre de la formation à distance, s’orientant désormais en ligne, vers un public plus large, devenu également plus exigeant tant sur la forme de l’enseignement, son organisation, ses tarifs que sur la sanction de la formation.

 

Parallèlement,  les universités qui avaient joué le jeu de l’enseignement à distance ne voulaient pas voir disparaître ce qu’elles avaient construit avec peine et ténacité. Elles avaient affecté des moyens humains et logistiques à disposition de cette forme d’enseignement, au bénéfice d’étudiants qui, très souvent, ne disposaient d’aucune autre alternative pour poursuivre leurs études supérieures. Ces universités souhaitaient se faire entendre et défendre les spécificités et leur engagement dans cette voie. Elles voulait aussi rendre plus visible l’enseignement à distance qu’abritait leur établissement depuis près de vingt-cinq ans et qui avait acquis une grande expérience dans ce domaine. Elles entendaient également valoriser et faire entrer dans une phase de maturité cette forme d’enseignement longtemps considérée par certains comme secondaire. Devant cette détermination le ministère proposa en juin 1987, aux présidents des universités françaises de rassembler les structures universitaires éparses de l’enseignement à distance, au sein d’une Fédération qui serait ainsi la réponse française à la création européenne de l’EADTU. C’est ainsi qu’a été créée la Fédération interuniversitaire de l’Enseignement à Distance (FIED), fruit de la volonté du ministère et des universités disposant d’une pratique soutenue de cette forme d’enseignement.

Par cette volonté, le ministère mettait un terme à la possibilité d’une création d’une université à distance française mais ajoutait une dimension internationale, à une ambition nationale, ciblée antérieurement dans les nombreuses réunions préparatoires organisées depuis les années 1960, visant à la définition d’une carte universitaire, à l’accroissement des formations à distance, ainsi qu’à l’introduction de nouveaux supports d’enseignements, sans toutefois y apporter des directives particulières, ni un apport financier nouveau.

Depuis la création de la FIED, les adhérents se réunissent régulièrement, mettent en commun leurs procédures et leurs solutions aux différentes questions auxquelles ils sont confrontés. De ce fait, la FIED possède un riche passé de mutualisation, d’association, de participation et de quête de cohésion sociale qui, bien utilisé, peut démontrer que cette coopération renforce les établissements partenaires et qu’il est riche d’avenir, face à la mondialisation de la diffusion du savoir. D’ailleurs plusieurs expériences communes, engagées à la demande du ministère, furent menées avec succès[2]. Elle poursuit régulièrement sa réflexion sur l’évolution de la formation à distance par des journées à thème, organisées avec l’aide d’experts sur des sujets variés qui aident à l’amélioration et à développement de l’offre de formation. Quelques récents exemples : La réussite des étudiants en formation à distance : mesures et accompagnement (2017, Université d’Aix-Marseille). L’évaluation des formations et des formés (2016, Université de Besançon). Les Normes et Standards (2016, UPMC, Paris). La formation à distance : Opportunité et défi pour la formation tout au long de la vie (2015, Université d’Avignon). Enjeux et perspectives de l’enseignement à distance en milieu carcéral en collaboration avec la DAP : Direction de l'Administration Pénitentiaire, (2014, Université Paris Est-Marne la Vallée). eQualité en FOAD : un défi pour les universités ? (2014, Université de Paris 3). Favoriser l’accès et la réussite aux formations à distance : (Dématérialisation des inscriptions, Quelles FAD pour la formation professionnelle. Les Moocs dans le paysage universitaire français (2014, Université Blaise-Pascal de Clermont-Ferrand). Opportunités internationales : construire une formation à distance à l’international ; De la formation en ligne à la pratique de l'EAD dans le style "MOOC" (UPMC, Paris, 2013) ; Formation à distance, modes d’emploi ; MOOCs et EAD (2012, Université de Lille 1) EAD dans l'enseignement supérieur : Quels modèles économiques ? Quelles rémunérations ? (2011, Université Capitole, Toulouse). L’EAD à l’heure des ENT ; Les réseaux sociaux (2008, Université Paul Valéry, Montpellier).

La FIED insiste sur la qualité de l’enseignement, l’encadrement des étudiants, le soutien à chacun des étudiants. Ils sont essentiels et ont pour effet de changer l’environnement de l’enseignement à distance et en ligne qui devient un atout de plus dans la concurrence entre les universités. La formation continue d’explorer de nouveaux territoires, on voit apparaître maintenant les formes hybrides dues à l’inventivité des enseignants, créant leurs propres applications numériques, plus nombreuses et touchant désormais de nombreux domaines. Et l’intérêt que porte la FIED à cette forme d’enseignement se retrouve dans la nouvelle loi du 22 juillet 2013 qui affiche deux objectifs prioritaires : la réussite étudiante et le rayonnement de la recherche. Les objectifs de cette loi, définie en 18 actions, reprennent très largement, sous l’adjectif numérique, des thèmes que la FIED connaît et pratique vers plus de 55.000 étudiants. C’est d’ailleurs la réponse qu’elle donne (cf. site de la FIED[3]) à un certain nombre d’actions qu’elle décline en 7 points principaux :

1. Mieux intégrer l’EAD dans la politique de l’établissement

2. Réunir les conditions d’un dispositif d’EAD performant

3. Soutenir et encourager les innovations

4. Entreprendre, diffuser une démarche qualité

5. Promouvoir des méthodes et outils d’évaluation

6. Engager des initiatives de mutualisation nouvelles et durables

7. Contribuer à l’ouverture à l’international

Sur le plan financier, la FIED perçoit les cotisations annuelles de ses adhérents et, parfois depuis quelques années, des subventions ministérielles liées à des actions faisant l’objet d’une convention avec le ministère et de compte-rendu d’utilisation. Ses moyens sont entièrement utilisés au profit de la promotion de l’enseignement à distance de ses membres et, ce n’est qu’en 1991, qu’elle a pu se doter d’un secrétariat à mi-temps. Elle a fonctionné pendant de nombreuses années sans aucun secrétariat, répercutant le travail administratif sur son Bureau, toujours de manière bénévole. Ainsi l’action de la FIED provient essentiellement de ses adhérents et du temps que chacun peut lui consacrer. Malgré ce frein, la Fédération reçoit de nouvelles demandes d’adhésion, augmentées par suite de la disparition du site ministériel Formasup. Le montant de la cotisation, très faible, correspondant à l’équivalent d’une publicité dans un journal local, ne représente d’ailleurs pas un obstacle majeur à l’adhésion, dont le montant n’a pas évolué depuis plus de dix ans. La FIED a fait le choix de remodeler son site contenant un espace privé qui permet de consulter les actualités, mais surtout celui de l’offre de formations des adhérents. Sa restructuration permet un moissonnage automatique de l’offre de formation à distance selon les dernières normes de référencement adoptées par le MENESER, le faisant ainsi bénéficier de l’efficacité et de la fiabilité de notre réseau associatif. En effet, l’offre de formation de la base de la FIED vers le portail http://www.sup-numerique.gouv.fr est ainsi rendue plus visible par la signature d’une convention.

Sur le plan national, la FIED a initié dès 2015 un rapprochement avec le ministère de la Justice et l’administration pénitentiaire. En 2007, il a abouti à la signature d’un accord-cadre de coopération pour le développement de l'accès aux études supérieures des personnes placées en détention ministère de la Justice/ministère de l'Education nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche et de l'insertion professionnelle/CPU. Elle s’est aussi impliquée en 2016, dans l’accord cadre FIED/INSEP (Institut National du Sport, de l’Expertise et de la Performance) pour le développement de l’enseignement universitaire à distance des sportifs de haut niveau dont l’objectif est de déployer sur le plan national les outils d’enseignement à distance et l’utilisation des nouvelles technologies de l’information et de communication au profit des étudiants sportifs de haut niveau tout en adaptant le dispositif aux exigences de plus en plus fortes qui leur sont demandées dans le cadre de leur préparation sportive.

Enfin rappelons que la FIED possède, dès son origine, une dimension internationale. Elle représente ses membres auprès des universités étrangères et organisations internationales et continue à développer la coopération entre les institutions universitaires françaises d’enseignement à distance[4]. En 2006, elle a signé un accord-cadre avec l’Agence universitaire de la Francophonie (AUF) pour le développement de l’enseignement à distance dans les pays francophones et organisé un colloque scientifique l’année suivante sur le thème EAD et Francophonie avec la participation du Secrétaire d’Etat à la Coopération et à la Francophonie. Dans le cadre de l’EADTU, la FIED a pris en charge, en 2013, l’organisation de la conférence annuelle EADTU à Paris, sur le thème « Transition to open and on-line education in European universities », comme elle l’avait fait en 2000, toujours à Paris sur le thème « Faut-il câbler la tour d’ivoire ? » avec la participation du commissaire Européen à l’éducation et la culture, Viviane Reding, ainsi que celle du ministre de l’enseignement supérieur qu’était alors Jacques Lang. En dehors de l’EADTU, elle adhère à d’autres réseaux internationaux : EDEN (European Distance and E-learning Network), ICDE (International Council for Open, and Distance Education). La FIED représente ICDE auprès de l’UNESCO et a organisé la partie francophone du forum mondial politique sur l’enseignement supérieur en ligne, ouvert et flexible de juin 2015.

La FIED est un lieu de rassemblement d’experts issus des centres d’enseignement à distance, riche d’une expérience de trente ans, mais s’appuyant sur une pratique plus ancienne de cinquante ans. Elle propose des outils, des méthodes, des réflexions dans le cadre des groupes de travail, des rencontres thematiques mais aussi des objectifs, des politiques et des projets communs.

 


[1] La Direction des Enseignement Supérieurs DESUP 13

[2] Le Plan de formation des PEGC : mis en place à la demande de la Direction des Enseignements Supérieurs, il avait pour but d’amener près de 7.000 PEGC en exercice, au niveau du DEUG en français, histoire, mathématiques, géographie, physique, chimie. D’après les études menées, un taux de 68% de réussite a été obtenu et ce résultat a été amélioré par la qualité du tutorat qui a permis la réduction des abandons. Quelques années plus tard, le Plan de formation des aides éducateurs : il avait pour but de valider un projet de formation à distance pour un grand nombre d’aides éducateurs recrutés par le ministère de l’éducation nationale et les préparer à un concours d’enseignement ou un concours de la fonction publique, impliquant l’obtention d’un DEUG ou d’une licence.

[4] Comprenant les pays suivants : Allemagne, Autriche, Belgique, Danemark, Espagne, Finlande, Grande-Bretagne, Norvège, Pays-Bas, Portugal, République d’Irlande, Suède, Suisse.

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